Comme chaque rentrée, l’Etrange Festival est la première manifestation de la saison accueillie par le Forum des Images. Si les organisateurs se seraient certainement passés de l’étrangeté du contexte sanitaire et du lot de mesures qu’il entraîne, ils ont réussi à préserver l’essentiel de la manifestation parisienne, rendez-vous incontournable des amateurs de cinémas pas comme les autres. Ainsi, et en plus des habituelles compétitions de courts et de longs métrages, retrouvera par exemple avec la section « Mondovision » une sélection d’avant-premières et d’inédits, parmi lesquels Hunted de Vincent Paronnaud mais aussi Grimm Re-edit, nouvelle version du film d’Alex Van Warmerdam qui a entièrement repris le montage orignal de celle sortie en 2003 que le cinéaste batave a reniée. A ce panorama contemporain répondront des hommages à des personnalités singulières, à commencer par celui dédié à Pierre Molinier, artiste culte, photographe surréaliste et pape du fétichisme décédé en 1976. Un programme de courts métrages des années 60 et 70 réunira son film muet Jambes mais aussi des titres que lui ont consacrés Raymond Borde et Noël Simsolo ainsi que le bien nommé Satan bouche un coin de Jean-Pierre Bouyxou et Raphaël Marongiu. Un cinéaste japonais régulièrement célébré à l’Etrange Festival, Seijun Suzuki, sera à l’honneur à travers des films très différents de ses fameux polars des 60’s, en l’occurrence « la trilogie Taisho », composée de titres réalisés au long des années 80 et restés inédits en France comme Mélodie Tzigane. Après les 25 cartes blanches pour le 25e festival l’an dernier, deux nouvelles ont été confiées respectivement à Marjane Sartrapi, qui a retenu par exemple Hamburger Film Sandwich de John Landis et Tommy de Ken Russell, et à Pascale Faure, jusqu’à il y a peu directrice des programmes courts de Canal +. Forte de son expérience pendant plus de trente ans au service du court sur la chaîne cryptée, elle a concocté un programme éclectique d’une dizaine de films (signés, Nicolas Provost, David O’Reilly, Rosto, Philippe Decouflé…) que complète le téléfilm Anna de Pierre Koralnik, comédie musicale qui en 1967 réunissait Anna Karina, Serge Gainsbourg. Jean-Claude Brialy et Marianne Faithfull. Toujours présent à l’appel, Serge Bromberg de Lobster propose pour sa traditionnelle séance « Retour de flamme » un ciné-concert sur Larmes de clown de Victor Sjöstrom avec Lon Chaney dans un de ses plus grand rôles. A noter que c’est la fresque historique kazakh Tomiris, inspirée de la reine des Massagètes au 6e siécle avant JC, qui ouvrira cette année le bal (masqué).
AL/08/20