C’est tout naturellement que les 37e Etats généraux du film documentaire de Lussas rendront hommage à un réalisateur important décédé le mois dernier : Jean-Pierre Thorn. C’est autour d’une projection de son film Le Dos au mur, consacré à la grande grève des ouvriers de l’usine Alsthom de Saint-Ouen en 1979, que sera fêtée la mémoire d’un cinéaste farouchement indépendant, pleinement mobilisé à la fois sur des questions sociales et des enjeux professionnels (notamment au sein de l’ACID qu’il a présidé au début des années 90). Plusieurs thématiques chères à Jean-Pierre Thorn seront au programme parmi les nombreuses propositions de l’incontournable rendez-vous ardéchois de fin d’été du documentaire de création. Ce sera le par exemple le cas au sein de la section « Histoire(s) du documentaire » consacrée cette année à la production ouest-allemande des années 70, une décennie ou renouveau de la création documentaire et engagement politique étaient entremêlés. Côté patrimoine toujours, la section « Fragments d’une œuvre » explorera celle de Chick Strand, pionnière et figure de la production underground aux Etats-Unis des années 60 jusqu’à sa mort il y a une quinzaine d’années. Cette édition 2025 consacre la traditionnelle « Route du doc », à l’Algérie travers une sélection d’une douzaine de films réalisés pour la plupart ces dix dernières années, signés par exemple Hassen Ferhani (Dans ma tête un rond-point), Lamine Ammar-Khodja (Un billet de 200 dinars), Sonia At Qasi-Kessi (Nnuba) ou Tahar Kessi (Noésie). Résonant avec l’actualité internationale la plus tragique, un focus sur la Palestine réunira quelques titres contemporains comme From Ground Zero , projet collectif initié par Rashid Masharawi, A Gaza de Catherine Libert et With Hasan in Gaza de Kamal Aljafari qui feront écho à une avant-première de Put Your Soul on Your Hand and Walk de Sepideh Farsi, incontournable depuis sa présentation en mai dernier dans la sélection de l’ACID à Cannes. Comme chaque année, la sélection « Expériences du regard » permettra de découvrir de nouveaux documentaires produits ou co-produits dans les pays francophones européens. Des projections en plein air, deux séminaires (« Histoires d’émancipation » et « Qu’est-ce qu’on fabrique ensemble ? »), des séances d’éveil des plus jeunes au cinéma documentaire, des rencontres professionnelles (notamment avec la Scam, la Sacem et le CNC) et de nombreux temps d’échanges seront à nouveau au rendez-vous à Lussas.
