Communiqué du Blac (collectif national de l'action culturelle cinématographique et audiovisuelle)
ET LE CINEMA ?
dans leurs programmes, pas un mot des politiques en faveur de la diversité et de l’action culturelle cinématographique et audiovisuelle…
Mois après mois, la profession se félicite de la hausse de fréquentation des salles de cinéma en France. Le cinéma français semble avoir une santé de fer !
Or, tout ne va pas bien dans le meilleur des mondes cinématographiques possible ! Avec l’abandon progressif de l’équilibre historique entre art et industrie, entre création et loi du marché, c ‘est le socle-même de l’action publique dans le secteur qui est mis à mal – cette action publique qui a précisément rendu possibles les succès d’aujourd’hui .
Dans les programmes politiques, pas un mot en faveur de la diversité et de l’action culturelle cinématographique .Pas la moindre initiative pour rétablir cet indispensable équilibre.
Les attentes du Blac
Parce que le cinéma est un art et une fabrique permanente de culture commune
Parce que l’accès à un cinéma de la diversité est un droit pour tous les publics
Nous demandons une véritable reconnaissance de l’action culturelle cinématographique, du rôle essentiel de la vie associative et de l’éducation populaire sur tous les territoires et la garantie de l’indépendance artistique des structures.
Parce que l’art relève de l’exception culturelle et parce qu’il faut en finir avec l’hémorragie des crédits
Nous demandons que l’Etat mette en place un rattrapage des 20 % de crédits perdus en Ministère et en DRAC depuis 2008, et en particulier les crédits liés à l’action culturelle territoriale
Nous demandons que la Culture devienne une compétence obligatoire des collectivités territoriales qui, de fait, assument déjà, plus de 80 % des dépenses culturelles et que leur soit rendue une souplesse budgétaire mise à mal par la réforme de leur fiscalité.
Nous demandons un Ministère de la culture existant et agissant, qui donne une orientation politique et s’engage auprès des créateurs, en relation étroite avec le CNC et les Directions régionales des affaires culturelles.
Nous voulons que s’instaure une véritable concertation transversale avec tous les acteurs de l’action culturelle cinématographique, les créateurs, les professionnels du cinéma, mais aussi les associations, les festivals et tout individu impliqué sur le terrain, pour préserver l’acquis et développer une véritable politique prenant en compte le rôle fondamental de l’art et de la culture dans notre société.
Nous demandons que, dans ce contexte de mutations accélérées, Ministère et CNC soient plus que jamais arbitres de l’intérêt général et régulateurs des intérêts privés. L’ambition culturelle et artistique doit redevenir prioritaire face aux enjeux économiques qui n’ont eux, aucune difficulté à se faire entendre.
En matière de production, la concentration des investissements sur les films aux devis les plus élevés conduit à une fragilisation du cinéma français le plus novateur et le plus créatif.
Nous demandons la mise en place d’une réflexion autour des mécanismes de financement du cinéma, publics et privés, permettant que la diversité du cinéma, de court et de long métrage, puisse être produite dans des conditions réellement favorables au renouvellement des talents, la diversité des expressions et de propositions artistiques ambitieuses. L’augmentation globale des financements ne doit plus masquer de déséquilibre dans leur répartition.
En matière de diffusion, la concentration de l’offre et la rotation accélérée des films notamment dans les multiplexes entretient le spectateur dans l’illusion d’un choix et détruit peu à peu la diversité, l’indépendance, le maillage de salles et de lieux de projection diversifiés patiemment construits depuis des décennies.
Nous demandons que la préservation de la diversité culturelle soit une priorité absolue.
Il s'agit d’obtenir que l'aménagement culturel du territoire ne soit pas écarté au profit du seul aménagement commercial de court terme. Il s'agit également de repenser l'accès aux films pour les salles et de mieux accompagner les lieux qui se risquent à sortir des sentiers du marché, fondant l'avant-garde, le terrain de recherche du cinéma de demain.
Nous demandons une réforme des dispositifs de soutien du CNC qui prenne en compte transversalement la dimension de l’action culturelle cinématographique dans tous les lieux où elle s’exerce y compris dans les festivals et sur les circuits itinérants si essentiels à l’éducation artistique au cinéma
Nous demandons la fin des pratiques de dérégulation du prix des places imposée par les grands groupes qui appauvrit l’ensemble des acteurs d’une filière professionnelle.
Nous demandons une régulation, un suivi et un meilleur encadrement des cartes illimitées et la mise en place d’une réflexion sur le contrôle du nombre de copies.
L’équipement numérique des salles représentait un véritable progrès technique susceptible de permettre la libre programmation des films. Avec l’adoption du système de la contribution numérique des distributeurs, les nouveaux usages professionnels n’ont rien changé à l’inégalité d’exposition des films.
Nous demandons l’actualisation immédiate des interventions de l’ADRC en faveur des petites salles, par des supports numériques en plus des supports argentiques.
En outre, nous ne pouvons que regretter les blocages de certains ayants-droits concernant la numérisation des films du patrimoine mondial et les appelons à y procéder, sachant qu’ils peuvent recourir aux aides significatives mises en place pour cela.
En matière d'éducation artistique et culturelle, la stagnation ou la baisse des subventions, le quasi démantèlement des formations et la suppression des moyens mettent à mal les dynamiques politiques exemplaires engagées depuis plus de vingt ans dans notre pays.
Donnée en exemple dans le monde entier, la qualité de l'action publique portée par les dispositifs d'éducation au cinéma est aujourd'hui fragilisée. Cela, alors qu'elle participe incontestablement des succès actuels de notre cinéma et qu'elle fonde le socle et un terrain d'expériences fondamentales autant que de laboratoires pédagogiques, en faveur d'une politique d'éducation à l'image, aujourd'hui essentielle pour la jeunesse. Les actions culturelles d'accompagnement et de médiation, l'éducation artistique et culturelle se trouvent jour après jour asphyxiées et les actions conduites auprès de tous les publics, particulièrement les publics jeunes, des quartiers populaires, des milieux ruraux, des hôpitaux, des prisons sont en danger…
Nous demandons que soit inversée cette tendance avec une relance des moyens dédiés à l’éducation artistique au cinéma.
Nous demandons qu'un grand plan d'éducation à l'image soit engagé au cours de la prochaine mandature et propose à la jeunesse une approche sensible, artistique, ouverte des images et des écrans sur la base des aventures conduites par les réseaux et dispositifs d'éducation et que le recours aux nouvelles technologies soit enfin pensé comme un renfort aux dispositifs existants et non comme un pis-aller.
Enfin, nous demandons que les créateurs soient traités non comme de simples prestataires, mais placés au cœur de la transmission.
Paris, le 20 mars 2012
Pour le Collectif national, le secrétariat
ACAP – Pôle Image Picardie / ACOR – Association des cinémas de l’ouest pour la recherche / ACRIF – Association des cinémas de recherche d’Ile de France/ Agence du court métrage / Carrefour des festivals / Les enfants de cinéma / GNCR – Groupement National des cinémas de Recherche / Inter films – Fédération des cinéclubs / La Ligue de l’enseignement / Périphérie / SRF – Société des Réalisateurs de Films
Nos contacts : Tél : 06 64 66 41 00 ou 06 10 03 81 01
Courrier : BLAC C/O Agence du court métrage
2, rue de Tocqueville
75017 – PARIS
Messagerie: contact@blac-collectif.org
BLAC – COLLECTIF NATIONAL DE L’ACTION CULTURELLE CINÉMATOGRAPHIQUE ET AUDIOVISUELLE
Membres fondateurs : ACAP – Pôle Image Picardie / ACID – Association du cinéma indépendant pour sa diffusion / ACOR – Association des cinémas de l’ouest pour la recherche / ACRIF – Association des cinémas de recherche d’Ile de France / AFCA – Association française du cinéma d’animation / Agence du court métrage / Alhambra Ciné Marseille / Carrefour des festivals / Centre Images (Ciclic) – région Centre / Documentaire sur Grand Écran / Les enfants de cinéma / FFMJC – Fédération française des maisons des jeunes et de la culture / FPEA – Forum permanent pour l’Education Artistique / GNCR – Groupement national des cinémas de recherche / KYRNEA International – Passeurs d’images / Ligue de l’enseignement / MJC du Pays de Montbéliard – Pôle d’Éducation artistique au cinéma de Franche Comté / ROC – Regroupement des organisations du Court Métrage / SRF – Société des Réalisateurs de Films / UFFEJ – Union Française du Film pour l’Enfance et la Jeunesse / Licia EMINENTI – cinéaste / Nicolas PHILIBERT – cinéaste / Chantal RICHARD – cinéaste. La liste complète des structures est disponible sur http://www.blac-collectif.org
Le Collectif national de l’action culturelle cinématographique et audiovisuelle (BLAC) s’est constitué en janvier 2008 autour d’un manifeste : « Cinéma et audiovisuel, vers le démantèlement de la diversité culturelle ». Ce manifeste, réunissant 372 structures, se faisait l’écho des inquiétudes de très nombreux professionnels du secteur quant aux crédits alloués à l’action culturelle en 2008.
Depuis sa création, le collectif a mené de multiples actions, et notamment la mise en place des premiers Etats Généraux de l’action culturelle cinématographique et audiovisuelle, les 8 et 9 janvier 2009, au « Centquatre », à Paris, auxquels prirent part plus de 300 acteurs et professionnels de l’action culturelle, représentants d’institutions et responsables politiques nationaux ou régionaux .Cette manifestation a mis en lumière l’incroyable richesse du terrain de l ‘action culturelle à travers les Festivals ,les salles de cinéma ,les associations de salles ,de programmation et d’éducation populaire qui tous participent à l’aménagement culturel du territoire hier comme aujourd’hui !